logo ecole du vin de bordeaux

Millésime 2022 : un excellent potentiel pour les vins de Bordeaux

Entre canicules répétées, pluies peu fréquentes et fort ensoleillement, 2022 a définitivement marqué les esprits. Pour préserver les baies, les viticulteurs bordelais ont redoublé d’efforts, tout en adaptant leurs méthodes culturales aux conséquences du réchauffement climatique. Retour sur le millésime 2022 à Bordeaux : une année hors du commun, qui aura pourtant vu naître des vins d’une rare qualité grâce à la résilience sans faille du vignoble.

DES CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES HISTORIQUES DANS LE VIGNOBLE BORDELAIS

Pics d’ensoleillement

En début d’année 2022, la durée d’apparition du soleil bordelais a été relativement comparable aux années précédentes, voire légèrement inférieure en mars et avril. Néanmoins, la tendance s’est vite inversée à la fin du printemps, avec un premier pic d’ensoleillement en mai (284 heures cumulées d’insolation contre 217 pour la moyenne trentenaire), suivi d’un second en juillet (349 heures contre 256 auparavant).

Températures record

Ce fort ensoleillement s’est accompagné d’un affolement du thermomètre : de février à octobre, les températures bordelaises n’ont jamais cessé d’être supérieures à la moyenne trentenaire, avec de premières canicules en juin. Les températures ont notamment atteint des sommets en août, avec une moyenne de 31,8 °C (soit 4,2 °C de plus que la moyenne des 30 années précédentes) et de 19,3 °C en octobre (4,1 °C de plus). Toutefois, la douceur des températures automnales, associée à une humidité croissante dès le mois de septembre, a été bénéfique au développement du botrytis (pourriture noble) sur les grappes des parcelles de vins blancs de Bordeaux moelleux et liquoreux.

Déficit pluviométrique marquant

Excepté un mois de juin particulièrement humide, les niveaux de pluviométries enregistrés de janvier à octobre en Gironde ont été largement en deçà de la moyenne trentenaire. Cette situation délicate s’est exacerbée en mai, avec 4 fois moins de pluies qu’habituellement (19 millimètres en cumul sur la période), mais aussi en juillet, où quasiment aucune goutte n’est tombée (3 millimètres, contre 49 sur les 30 années précédentes). Cependant, le retour de la pluie après presque un mois d’absence a permis aux baies d’atteindre une maturité optimale et de grossir légèrement.

Photo d'un vignoble

LA RÉSILIENCE DES VIGNERONS POUR PRÉSERVER LE MILLÉSIME 2022 À BORDEAUX

Face à ces conditions hors normes, le vignoble bordelais a dû prendre des décisions cruciales pour protéger ses cultures. Il a pu compter sur plus de 20 années d’expérimentations concernant les problématiques liées au réchauffement climatique. Une courbe d’apprentissage et une connaissance fine des spécificités du terroir qui se sont révélées précieuses, fournissant aux vignerons un savoir-faire et des méthodes culturales clés pour anticiper et s’adapter à cette situation exceptionnelle.

Parmi les choix mis en œuvre, citons notamment :

  • Le retardement de la taille pour prévenir les risques provoqués par un gel tardif ;
  • L’effeuillage et le palissage au cas par cas, pour éviter l’échaudage des grappes ;
  • L’enherbement pour maintenir la fraîcheur des sols ;

  • Le développement de l’agroforesterie aux abords des parcelles, transformant les arbres en véritables pare-soleils.

    Cette résilience à la vigne, conjuguée à un enracinement profond du vignoble et à sa capacité naturelle à affronter le stress hydrique, a permis d’assurer un état sanitaire optimal des baies.

  • LES CONSÉQUENCES DES FORTES SÉCHERESSES POUR LES VENDANGES 2022

    Une récolte parmi les plus précoces

    Les températures estivales à partir du mois de mai ont engendré une floraison d’une extrême rapidité, puis un début de véraison dès la mi-juillet. Le coup d’envoi des vendanges 2022 dans le Bordelais a donc été donné avec 15 à 20 jours d’avance en moyenne, selon les appellations. En revanche, la récolte s’est déroulée sur une période relativement longue, grâce à des conditions météorologiques favorables. La maturité des différents cépages a ainsi pu être respectée, en fonction des caractéristiques de chaque variété : une grande diversité de profils qui se dévoile d’ailleurs à vous lors de notre Atelier Assemblage, pour tout apprendre de cet art signature des vins de Bordeaux.


    La cueillette a donc débuté le 16 août dans les parcelles destinées aux Crémants et aux vins blancs secs de Bordeaux, dont la maturité était la plus avancée. Les coups de sécateurs se sont ensuite généralisés vers le 26 août pour les cépages de prédilection des rosés. Les cépages rouges, quant à eux, ont commencé à être récoltés au premier jour de septembre avec, en ouverture de bal, le Merlot cultivé sur les terroirs les plus chauds. Du côté des liquoreux, grâce à une météo parfaite fin septembre, une vendange de 4 à 5 tries successives s’est opérée sereinement jusque fin octobre.

    Un volume inférieur à la moyenne décennale

    À l’issue de cette année singulière, les volumes finaux ont été une nouvelle fois limités. Pour la 3e année consécutive à Bordeaux, ils ont en effet été établis à 4,1 millions d’hectolitres en AOC, soit une diminution de 11 % par rapport à la moyenne des 10 années précédentes.


    Première cause directe de cette baisse de rendement : la sécheresse, bien sûr. Mais d’autres aléas climatiques dévastateurs, qui ont engendré des pertes considérables pour certains producteurs, sont également à prendre en compte : plusieurs nuits de gel ont été déplorées sur l’ensemble du Bordelais début avril, et plus de 10 000 hectares ont été touchés par de violents épisodes de grêle dans la nuit du 20 au 21 juin, à des niveaux différents. Là encore, l’investissement des vignerons a été décisif pour pallier ces imprévus météorologiques, et préserver autant que possible les volumes.

    Photo d'une grappe de raisin

    DES VINS DE BORDEAUX DONT LA QUALITÉ S’ANNONCE DÉJÀ REMARQUABLE

    Enfin, nous nous adaptons du point de vue pédagogique :

    Si ses vendanges ont été précoces, les conditions météorologiques n’ont pas impacté la qualité du millésime à Bordeaux. Les premières dégustations ont d’ailleurs immédiatement laissé présager un vieillissement admirable.
    En dépit de la sécheresse, les pluies salvatrices de juin ont offert aux vins blancs de Bordeaux les marqueurs d’un bon millésime, avec un bel équilibre entre fraîcheur et acidité. Les liquoreux frappent par ailleurs le palais par leur impressionnante profondeur. Les vins rosés bordelais affichent une jolie robe, sans coloration exagérée, et un nez agréablement friand.

    Particulièrement exceptionnels, les jus des cépages rouges se sont distingués par des tanins d’une impeccable maturité, tout en étant conjugués à des teneurs en alcool modérées. Résultat ? Des vins rouges de Bordeaux à la fois formidablement fruités, soyeux et concentrés, sans jamais céder à la lourdeur. Les cuvées appelées à être dégustées dans leur jeunesse seront appréciées pour leur structure harmonieuse tout en fraîcheur, tandis que les vins de garde laissent entrevoir un incroyable potentiel : peut-être l’un des meilleurs millésimes pour les vins de Bordeaux ?

    Quels que soient leur couleur ou leur potentiel de garde, la dégustation des vins de Bordeaux de ce millésime 2022 vous réserve sans aucun doute de savoureux accords, à explorer notamment lors de notre atelier De La Vigne à la Table : de quoi devenir le sommelier de vos prochaines soirées !

    Sources :
    – meteofrance.com
    – isvv.u-bordeaux.fr